Le précipice à bisons Head-Smashed-In
Alberta
La chasse aux bisons d’autrefois
Partie supérieure du précipice à bisons Dans le sud-ouest de la province d’Alberta, le précipice à bisons de Head-Smashed-In est l’un des plus importants sites de chasse répertoriés à ce jour. À la limite d’un paysage de collines et de grands plateaux traversés par des passes naturelles, une haute falaise de grès se prêtait à une forme particulière de chasse amérindienne.
Depuis 1960, ce site fait l’objet de fouilles systématiques. Il a été utilisé pour chasser le bison de 3600 à 2600 av. J. C., puis sporadiquement vers 900 av. J.-C., et, enfin, de manière continue de 200 à 1850 ap. J.-C.
Vue de la falaise du précipice à bisons, 1900 Les vestiges de pistes balisées, les restes d’un campement autochtone et un tumulus où l’on a trouvé d’énormes quantités de squelettes de bisons illustrent un usage pratiqué pendant près de six millénaires par les peuples autochtones des grandes plaines de l’Amérique du Nord. Ceux-ci, grâce à leur connaissance très précise de la topographie du terrain et du comportement des bisons, pourchassaient les troupeaux vers le précipice. Les chasseurs établissaient leur campement dans la plaine située en contrebas du précipice. On peut encore y apercevoir les pierres qui étaient placées autour des tipis pour éviter qu’ils ne soient emportés par le vent.
Campement de dépeçage après une chasse au bison fructueuse, comme on pouvait en trouver au pied du précipice à bisons. William S. Soule, 1870. SPC BAE 3912-B Vol 1 01156900, National Anthropological Archives, Smithsonian Institution Le précipice à bisons représentait le moyen le plus efficace d’abattre un grand nombre de bêtes. Cette technique de chasse consistait à traquer le gros gibier vers une falaise, pour qu’il y tombe. Les Indiens des plaines commençaient par imiter les gémissements d’un veau perdu. En se rapprochant, les bisons entraient dans des sentiers de pierres qui les menaient vers le précipice. Ensuite, les chasseurs entouraient les bisons de toutes parts et les effrayaient en criant, en agitant des couvertures ou en allumant des feux. Même si les premiers bisons tentaient de s’arrêter au bord de la falaise, l’élan de ceux qui les suivaient les précipitait dans une chute d’une quinzaine de mètres.
Campement de dépeçage après une chasse au bison fructueuse. On aperçoit de la viande de bison en train de sécher. William S. Soule, 1870. SPC BAE 3912-B Vol 1 01156900, National Anthropological Archives, Smithsonian Institution Le style de vie des Indiens des Plaines reposait essentiellement sur les produits issus du bison, à un point tel que le bison a assuré la survie des autochtones des grandes plaines d’Amérique du Nord durant des millénaires. En effet, la viande de bison fraîche ou séchée, incluant la chair de la bosse, servait de nourriture, tandis que la peau tannée devenait vêtements, mocassins et tipis. Le cuir épais du cou constituait le bouclier des guerriers. Les tendons servaient de cordes pour les arcs, et la panse était utilisée comme outre. Outils, récipients, potions, produits de ménage, etc., pas moins de 125 articles et ingrédients différents étaient dérivés du bison. Même la bouse séchée devenait un précieux combustible. Pour sécher la viande, on la découpait en fines lanières et la plaçait sur des supports au soleil.
Le précipice à bisons de Head-Smashed-In compte parmi les sites de chasse les plus imposants, les plus vieux et les mieux préservés. Il est associé à la survie de la race humaine au cours de la préhistoire et témoigne de pratiques auxquelles les premiers habitants du nord de l’Amérique sont restés fidèles pendant près de 6 000 ans. La valeur du paysage réside dans son intérêt scientifique, archéologique et culturel.
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